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HEURE





Cest l’Espoir !…

Comme des ailes faibles dans le crépuscule
Si loin que c’est le vent, peut-être, ou le frisson
De ta pâleur sur ta face, ô taciturne
Devant quelque Ombre en les cyprès du bois nocturne
Parmi les asphodèles graves du gazon,
Ou des pas que le vent simule aux campanules
Des bleus treillis du vieux jardin de la raison
Où ton âme se connaît moins au crépuscule.

C’est l’Espoir.

Écoute, il est assis au bord du fleuve
Si près de l’eau que ses ailes trempent dans l’eau
Ô les antiques ailes en l’eau toujours neuve
Qui fuit et mouille le plumage de nouveau
Le plumage des grandes ailes dans l’eau.

C’est l’Espoir

C’est l’EspoirMais voici l’aube et l’heure pâle

Où ta face est plus triste encore et taciturne
Et folle de mornes alarmes
En les mains à travers qui coulent une à une
Tes larmes…

Le vent efface des traces de pas nus aux sables.

C’était l’Espoir
Qui fut assis dans l’ombre auprès du fleuve noir !


HENRI DE RÉGNIER.

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