Souvent on l’employoit dans une signification
active, pour faire tomber en avant. « Lors en fiert
a ung sur l’escu, uns: si grant coup, qu’il Vadcnlii
« sur le col de son cheval. » (Percef. Vol. I, fol. ll;i,
Vcol. 1.)
« Adenter un homme à terre, " proprement le
faire tomber adens, la bouche, le visage contre
terre.
Maint homme a à terre admté.
G. Guiirt. MS. fol. 132. V’.
On l’emplovoit même dans une sismification plus
étendue, pour jeter par terre, abattre, renverser ;
verser, même en parlant des blés sur pied, lorsque
le vent ou la pluie les couche.
Le mercredi un vent venta.
Que les corlines adenla.
Et desrompi ; mes redreciées
Furent fost, etc.
H. de Fr. eo vers à la suite du R. de Fauvcl.MR. du R. n- C812,
fol. 80, V col. 3.
Font tous les murs jus adenter.
G. Guiart, MS. fol. 48, R’.
En cel an moult plust et venta ;
Que blez et vingnes adenta.
II. de Fr. ea vers i la suite du R. de Fauvel, MS. du R. n- C812, fol. 88.
En comparant ù une bouche, l’ouverture, la
gueule d’un pot, on a dit, adenter un pot, pour le
renverser. « Adenta un pot de terre sur les chan-
« dalles eslans sur le ventre d’icele malade, qui fut
« fait par forme de ventoise. » (Lettres de 1425,
citées par D. Carpcntier, suppl. Gloss. de Du C. au
mot Indentare 2.)
Une gmnt g.itn (I) demanda ;
Sour une table [’adrmpta ;
Une souris a dcsous mise.
Bestiaire, MS. du R. n’ 7089. Baluze 572, fabl. 53.
Nous lisons adenta pour adempta. (Bestiaire,
MS. du R. n- 761,5, T. I, fol. 87, V» col. 1, fable 53.)
On peut considérer le premier sens du verbe
Adenter, tomber adens, c’est-à-dire, donner des
dents contre terre, comme une extension du sens
propre mordre, donner des coups de dents.
Coûtant i est venuz courant,
A tôt un baston cort, pesant. . .
Au Prévost a sauvé la gorge
Que li cbien ; si l’orent navré
Le forestier ont adenté,
Et il crie : CoiUanz aïe,
Por Dieu le (ils Sainte Marie,
Ne me laissez as chiens mcngor.
FaW. MS.dcS’Gcrm.fol.209.
De là s’adeutir, dans un sens moral et figuré,
pour s’attacher, s’adonner; proprement s’attacher
comme avec les dents, ce qu’on exprimoit aussi
quelquefois par amordre. (Voyez ce mot.)
Ains me voil toi adenlir,
A la belle amer.
Ane. Pocl. Fr. MSS. avant 1300, T. Il, p. 899.
.... sont apris et adcnti
A lecerie, (2) à mauvaistié.
Bestiaire de la Div. escrit. MS. du R. n’ 7989, Baluze 578, fol. 197, R* col. 2.
On appliquoit encore l’idée de mordre à la bles-
sure qun fait un trait, parce que ce trait arfnife,
mord pour ainsi dire, entame le corps de l’ennemi
(lu’il alliMut.
La veissiez quarriaus voler
Qui s’assiocnt en pluseurs places,
Sus visages nuz et sus faces
Soudoiers ça et là palir,
Sus qui quarriaus aguz s’adcntcnt.
G. Guiart, MS. fol. 317, V’.
En termes de menuiserie et de charpenlerie, ce
mot signilioit lier, assembler plusieurs pièces de
bois, les " enchâsser si que l’enchâssée adente
« et inorile dans l’autre. » (Voy. iNicot, Dict. et
Ade.nt ci-dessus.)
Enfin, l’on a regardé des crochets, comme des
espèces de dents. De là le verbe adenter pour ac-
ciocher, agraffer. (Voy. Borel , Dict. et Endetter
ci-après.)
Adenter une eschelle à un mur, l’attacher, la
dresser contre un mur, ne se dit que « quand
« l’eschelle a deux crochets et agraphes larges de
« fer, etc. » (Voy. Nicot sous Adents et Cotgr. Dict.)
ADENTER. Borel et Cotgr. Dict. - G. Guiart, MS. fol. 40, V».
.Vdemptich. Bestiaire, MS.du R. n»7989. Baluze 572, fable M.
ADENTin. Bestiaire de la Div. escrit. MS. du R. n" 7989.
Daluze 572, fol. 197, R» col 2.
Adepi’imes, adiK Premièrement.
(Voy. Rrilton, dos Loix d’Anglet. fol. 18, R°.) Ce
sont les deux prépositions a et de, réunies au mot
prime, par une espèce de tautologie, dont nous
avons donné plusieurs exemples sous vl , préposition.
Adès, adv. Lors, alors, dès lors, maintenant,
incontinent. Tantôt. Toujours, sans cesse.
Nous remarquerons qu’anciennement , tant en
provençal, qu’en frauçois, on disoil es, pour ipse,
et que l’adverbe adès pourroit bien être composé
de ce pronom, précédé de la préposition ad. Quoi
qu’il en soit, ce mot sous les deux premières ac-
ceptions, est le même que l’Italien adesso. L’une et
l’autre langue ont aussi pu le former du lalin ad
ipsum, suppl. tevipus.
De là le premier sens dont on trouve mille exem-
ples dans nos anciens Auteurs, dans les Fabliaux
.MS. ihi lloi, dans les vies des S" ms. de Sorbonne,
etc. (Voy. aussi Nicot, Borel, Cotgr. et Ménage, Dict.)
Laurière, Closs. du Dr. fr. au mot adez, l’expli-
que par alors, dès lors ; en quoi il semble se confor-
mer à l’Editeur de Bouteiller, qui l’interprète par
adonc ou lors.
Ce mot signifioit maintenant, incontinent, aussi-
t(M, sur le champ. (Gloss. de Villehard.) " L’Empe-
« reres Baudouins chevaucha adès droit à Sale-
<■ nif|iie. >' (Villehard, page il5. — Voy. Chrou.
S’ Deuys, T. I, fol. 25, etc., etc.)
(1) jatte. - (2) Lu.ure.
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