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Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/153

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« diction ou ressort que sriof, moleste, destoiirbier <i ou aucun (lonimnj^e sera fait sommairement « et de plein facent tout rendre, adrecier et amen- « der. .. (Ord.T. II, p. -Ml.) Qu’il nous suflise d’observer que si ce mot a dé- signé plusieurs autres moyens de rendre justice, c’est par la même analogie d’idées, (lu’il a eu ces diverses acceptions. La protection, et le crédit, sont (juclquefois né- cessaires pour faire valoir un bon droit. De Ifi encore le verbe «^//rs.srrdans le sens de luotéiicr, appuyer quelqu’un de son crédit. « En(iui doit-on et peut-on « avoir liance, fors en son Seigneur? elle Seigneur « doit adrecer ses gens et les tenir en droit et en « justice. » (Froiss. Vol. III, p. l’J7.) L’Evèque de Noyon, parlant à Louis A’III, s’ex- prime ainsi : .... Sire, pourqoi noi-on (I) Que del Roiaume et del Empire Ne soii^s adrecière et Sire ? France le doit et vous pour li Ki Rois i estes, bien le vos di, Adrccién i crestienté Conques ausi grant volenté N’en ot Rois, corn li Rois Felipes Vos pères li sages, li vistes, Ki sainte Église sostenoit, etc. Ph. Mou5k, MS. p. 723 cl 7’2i. (Voy. Adresse™ ci-après.) On l’employoit même dans la signification géné- rale de secourir, aider. « Le Duc de Bretaigne... « povoit.... adrecer et aider les Anglois de Navires « pour retourner en Angleterre. » (Froissart, Vol. II, p. 113.) . . . s’ainsi avient Cadrecier Li puisse, faillir ne li quier ; Car ambedeus les aideroie. Se povoir de ce faire avoie. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. H, V’ col. 3. Or cuidai bien, se Jhûcris m’adresce Qu’il ne deuist jamais avoir tristesce. Froissart, Poës. MSS. fol. 76, col. 1. En étendant la signification de ce mot aux moyens de secourir, l’on a dit adresser dans le sens de fournir, pourvoir, munir. « Les adrecèrent de « tout ce qui leur faisoit besoing. « (Froissart, Vol. II, p. 265.) « En succession de ligne directe, « les enfans qui auront esté mariez ou adresccs « d’estat honnorable par leur père ou mère... ve- « nant à la succession commune d’iceux avec les « autres enfans non encore mariez ny adreschez, « seront tenus de rapporter ce que leur aura esté « donné.... pour leur dict mariage ou estât. » (Coût. gén. T. Il, p. 854.) De là l’expression s’adresser de sacremens. » Se « fist ledit Bertran adrecierhiQn et bel de tous « les sacremens qui lui apparlenoient. » (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 539.) Dans le sens propre de dresser, on disoit, en par- lant d’un homme, s’adrecier pour se tenir droit, se lever, se mettre sur ses pieds. « 11 est temps de « vous lever et adrecier ; et avec ce les Gouverneurs « le prendront par le braz et le feront drecier. » (V(iy. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Miles, col. 737.) Poui’ se di’csser sur les pieds de derrière, se ca- brer, en parlant d’un cheval. Quant li destriers est adreckz, De legier puet estre bleciez Cil qui arriére ne se trait. Mars de Cambray, Moralités, SIS. de Oaignat, fol. 150, R- col. 2.’ (Voy. DiiEssicn ci-après.) Plus souvent ce verbe signifioit diriger, conduire, guider. « Sa doctrine nos eslruit (2) et adrecet en la « voie de paix. - (S’ Bern. Serm. fr. .mss. p, 320 et 321 .1 « L’accompagnoient et adressoient deux de ses << frères... lesquelz menèrent la pucclle seoir au « plus hault siège. » Percef. Vol. III, fol. 7, V°.) On peut rapporter à cette signification générale, les expressions suivantes: « Adrechiev un cheval à quelqu’un, -> le pousser droit à lui. .. Le Roy humble « de humilité... trouva ou la iiiesiée... le Roy des « vices... si leur adrechièrent les ciievaux lui et « ses gens comme à ceulx des champs qu’ilz « héoienl plus. » (Modus et Racio, ms. fol. 299, V",) Adrecer un cheval par une poite, l’y faire passer droit, en dirigeant sa course. « Li Vallès fu grans « et fort... li cevaus sor quoi il sist, rades 3 et co- « rans ; et li vallès l’ot bien adrecié parmi la « porte. " (Fabl. ms. du R. n° 7989, fol. 74, V° col. 2.) Adrecier sa voie dans le sens où nous disons en- core adresser ses pas. . . . Trubert adi-ecie sa voie A l’esponde (4) ; la borse a prise Ou sa pucelle l’avoit mise. Eslrubert, fabl. MS. du P.. d- 7996, p. 96 De h le verbe s’adresser pour aller droit, diriger sa route vers un lieu. « Les deux Escuyers... prin- « drent les champs et s’ adrecèrent en un bois qui « estoit ù demie lieue françoise de la. » (Froissart, Vol. I, p. 234.) « Elle li dist vous m’avez tué mon « mary, et maintenant me voulez deshonnourer. « Certes je vueil mielx morir ; et lors s’adresca à « une fenestre et sailly en la rivière de Leyre qui « estoit au pié de la’ Tour. » (Chasse dé Gast. Phéb. MS. p. 87.) On arrive au lieu vers lequel on dirige sa route. De là encore s’adresser pour approcher, parvenir, arriver. Toutes voies tant s’efforça, Qu’à l’ermitage s’adresçu. Fabl. MS. du R. n- 7218, fol. 4, V col. 1. Parvenir, arriver au terme qu’on s’est proposé, pris au figuré, signifie réussir, venir à bout d’une chose. C’est la signification à’adresser dans ces vers : on, ce respondi Jonèce,

n’est riens de quoi on n’adréce. 

Froissart, Poës. MSS. p. 362, col. 1. Nous disons aussi figurément, qu’une chose n’ap- proche pas d’une autre, (les Italiens disent, non ar- riva’"', pour signifier qu’elle ne peut l’égaler ; mais (1) nje-t-on. - (2) instruit. - (3) mpidus. - (4) châlit, bois de lit. I.