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disoit anciennement pour Arbre, et pour toute espèce de bois, s'est conservé jusqu'à présent, pour le bois qui sert à la monture d'une arme à feu ; et c'est le sens du mot Arbre d'une arbalête. Arbre se disoit aussi du bâton qui sert à porter une enseigne ou drapeau. De là le mot arbre, employé figurément, pour l'enseigne même ; d'où vient peut-être l'expression arborer un étendard. " M. le Comte de Sommerives, connu sous le nom de Comte de Tendes, après la mort de son père, eut un démêlé très vif avec M. le comte de Brissac colonel général qui souffroit impatiemment de voir un autre se vouloir parangonner à luy, et porter l'enseigne blanche.... mais tout s'appaisa par la volonté du Roi, en faisant évanouir cet arbre blanc ". (Brant. Cap. Fr. T. III, p. 423.) C'est la partie pour le tout.

Il y a dans une potence une pièce de bois principale. De là l'expression arbre penderet, pour potence. " Sont les gibets ou arbres penderets, signes et marques de haute Justice ". (Cout. gén. T. II. page 1063.)

Il sembleroit que le mot arbre auroit aussi désigné quelque engin propre à la pêche, dans une Ordonnance portant règlement pour la pêche des poissons de rivière. " Que l'on ne batte aux arbres, ni aux rosouelles ; et que braye a chauce, arbre ne cuevre, et que l'on y adjoigne boisse et dépens ". (Ord. T. I, p. 793.) Mais il est probable que c'est une faute ; car dans le même passage, rapporté par l'Auteur du grand Coutumier, on lit : " Que braye à chauce ne courre, etc. " (Voy. p. 28 et 73.)

On a dit proverbialement : " faire de l'arbre d'un pressoir, le manche d'un cernoir " ; se ruiner par de folles dépenses. (Cotgr. Dict.)

Nous nommons encore figurément Arbre généalogique, ce qu'on appeloit autrefois Arbre de lignée. (Bouteill. Som. Rur. p. 461.) C'est en effet une figure tracée en forme d'arbre, où l'on voit sortir comme d'un tronc diverses branches de parenté.

La même idée de ressemblance, a fait dire de quelqu'un qui marche sur les deux mains la tête en bas et les jambes en haut, qu'il fait l'arbre fourchu. (Cotgr. Dict.) " Fais bien à point l'arbre fourchu, les pieds à mont, la teste en bas. " (Rabelais, T. IV, page 87.)

On se servoit en poësie de la même expression, Arbre fourchu pour signifier un Lai ou Virelai, parce que les petits vers intercalaires qui étoient au milieu des grands, faisoient une espèce de fourche semblable à celle que forment souvent les branches d'un arbre. (Voy. Ménage, Dict. étym. Sibilet, Poétique, T. II, p. 136.)

Arbres fourchuz, Ballades et Chansons Et Rameletz de toutes les façons.

Chasse et départie d'Amour, p. 254, col. 1.

(Voy. ci-après les différens mots formés d'Abre ou Arbre, tels qu'ABRIER, ABRISEL, ARBRET, ARBROIE, etc.)

VARIANTES :

ABRE. Monet, Dict. au mot ARBRE.

ARBRE. Orth. subsist. — Apc. Poët. fr. MSS, avant 1300, T. IV. p. 1359.

AUBRE. Ménage, Dict. étym.

Abrégé

subst. masc.

Nous ne citons ce mot, qui subsiste, que pour avoir occasion de remarquer que les Étrangers ont appelé la Franche-Comté, l'abrégé de la France : dénomination dont on trouve l'origine dans Pelisson, Hist. de Louis XIV, T. II, liv. VI, p. 256.

Abrégement

subst. masc. L'action d'abréger. Diminution. Envoi, terme de poëtique.

Le premier sens est le sens propre. (Voy. ABRÉGER ci-après.) Par abbrégement, signifie pour abréger, dans ce vers :

Or ça donc par abbrégement, etc.

Coquillart, p. 93.

On a dit par extension abrégement pour diminution ; en langage féodal, " Abrégement ou abriégement de fief ", pour " diminution ou.... extinction de droits quelconques, et de profits féodaux ". (Laur. Gloss. du Dr. fr. au mot Abrégement.) Voy. aussi Du Cange, Gloss. Lat. au mot Feudum alliatum ; (Beauman. Cout. de Beauvoisis, p. 142 Ord. T. I, p. 218, et le Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis.)

Enfin Abrégement et Epilogue, étoient employés selon Boissière, dans sa Poëtique, p. 249, pour désigner le couplet qui termine une Ballade, et que l'on nommoit plus communément Envoy. On l'appeloit aussi Abrégement, parce que ce couplet est toujours de moitié plus court que les autres : il n'est que de quatre ou cinq vers, lorsque les autres sont des dixains ou des huitains.

VARIANTES :

ABRÉGEMENT. Orth. subsist. — Apol. pour Hérold. p. 235.

ABBRÉGEMENT. Monet, Oudin, Dict. — Coquillart, p. 93.

ABRIÉGEMENT. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis.

Abréger

verbe. Dépêcher, hâter. Diminuer, dépérir. Abbaisser, humilier.

Ce mot formé, suivant Nicot, du latin abreviare, qui répond en effet dans les Sermons de St. Bernard, au mot Abrevier, conserve encore sa signification propre, rendre court ; mais on ne diroit plus abréger ou abbrever une affaire, pour la dépêcher, en hâter l'expédition. (Oud. Dict. et Cur. fr.) Encore moins s'abréger, pour se hâter, se dépêcher, comme dans ce passage : " Sire, dit lors Bennuq, qui pensoit que Passelion fist ce pour le plus honnorer, nous ne le ferons point tant que vous soyez present, mais abrégez-vous, car la demoiselle n'attend autre chose. " (Percef. Vol. IV, fol. 119. V° col. 2. — Voy. ABREVÉ ci-après.)

En étendant la signification d'abrégé, proprement retrancher de la longueur d'une chose, ce mot s'est dit en général pour retrancher, diminuer ; de là, " abridger les services d'un fief " les diminuer. (Tenures de Littleton, fol. 122, V°). Un fief abrégé étoit un fief dont on avoit diminué le nombre des

(1) espèce de poësie.