Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

troupes. Le bruit se répandit alors qu'on allait déclarer la guerre. On parla d'augmentation de troupes, et on donna peu de temps après des commissions pour de nouvelles levées. On apprit en même temps la nouvelle de la prise de Belgrade ; on jugea les Turcs dans une impuissance entière de soutenir encore la guerre : il était extrêmement question de paix entre eux et l’empereur, et l'on ne pouvait pas douter que, si elle se faisait une fois, toutes les forces de l’empire ne retombassent sur nous.

Les affaires de Rome allaient de mal en pis ; personne ne pouvait vaincre l’opiniâtreté du pape. Elle était trop bien fomentée par les gens en qui il avait le plus de confiance ; et ceux qui eussent pu lui parler pour le faire changer de sentiment, lui étaient trop suspects. Le roi se résolut d’y envoyer Chanlay, homme en qui M. de Louvois a une très-grande confiance, et qu’il emploie volontiers. Le roi le chargea d’une lettre de sa main pour le pape, avec ordre de n’avoir aucun commerce avec M. de Lavardin, son ambassadeur, ni avec M. le cardinal d’Estrées, qui faisait toutes les affaires du roi. Son instruction était de s’adresser à Cassoni, le favori du pape, et puis au cardinal Cibo. Il s’acquitta de ses ordres en homme d’esprit ; mais il eut le malheur de ne pas réussir. Cassoni et Cibo se moquèrent de lui ; ils se le renvoyèrent l’un à l’autre, et il s’en revint sans avoir vu que l’Italie. Son voyage ne servit qu’à donner du chagrin au cardinal d’Estrées et à M. de Lavardin, et à grossir le manifeste que le roi fit publier dans le temps que l’on partit pour le commencement de la guerre.