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lettres.



LETTRE XIII.
Paris, mercredi 10 octobre 1691.


J’ai eu des vapeurs cruelles, qui me durent encore, et qui me durent comme un point de fièvre qui m’afflige. En un mot, je suis folle, quoique je sois assurément une femme assez sage. Je veux remercier madame de Grignan pour me calmer l’esprit : elle a écrit des merveilles pour moi à M. le chevalier de Grignan.

À madame de Grignan.

Je vous en remercie, madame, et je vous prie d’ordonner à M. le chevalier de Grignan de m’aimer ; je l’aime de tout mon cœur : c’est un homme que cet homme-là. Ramenez madame votre mère ; vous avez mille affaires ici ; prenez garde de voir vos affaires domestiques de trop près, et que les maisons ne vous empêchent de voir la ville. Il y a plus d’une sorte d’intérêt en ce monde. Venez, madame, venez ici pour l’amour des personnes qui vous aiment, et songez qu’en travaillant pour vous, c’est me donner en même temps la joie de voir madame votre mère.

À madame de Sévigné.

Mon dieu ! ma chère amie, que je serai aise de vous voir ! vraiment je pleurerai bien ; tout me fait fondre en larmes. J’ai reçu ce matin des lettres de mon fils, l’abbé, qui était en Poitou, à deux lieues de madame