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lettres.

rerai mes troupes ; mais contez que vous n’avez point obligé un ingrat.


SECOND EXTRAIT,

Composé de phrases où il n’y a point de sens, et que bien des gens de la cour mettent dans leurs discours.

Je vous assure, monseigneur, qu’on est bien chagrin de ne pouvoir faire son devoir et il est fort honnête de le pardonner. Je vous écris cette missive pour vous donner des nouvelles de M. Domatel : j’espère qu’il sera bientôt hors d’affaire, et que sa maladie ne sera pas longue. Je me suis trouvé depuis peu à un grand repas où on a mangé une bonne soupe et où vous avez été bien célébré. Vous savez, monseigneur, que vous inspirez la joie, l’on fit mille plaisanteries ; vous me ferez bien la justice de croire que l’on a eu le dernier déplaisir de ne vous y avoir pas. J’ai bien envie d’avoir l’honneur de vous voir pour vous entretenir sur mon gazon. Mes fermiers sont cause que je ne puis m’aller rabattre chez Fredole ; mais je vas souvent en un lieu où l’on aime à se réjouir, et où l’on met les plats en bataille. Il y a une personne qui desire fort le tête-à-tête avec vous, vous connaîtrez dans son dialogue qu’elle a du savoir-faire, et que l’on vous trouve furieusement aimable ; je vous dis tout ceci, parce que je suis engoué de vous, car votre caractère me réjouit ; et, de bonne foi, il est vrai que je me suis conduit de mon pied en un lieu où j’ai vu de beaux-esprits qui ne se peuvent plaindre de vous