Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/119

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que celui de la gloire, l’avait devancé. Ils s’étaient donné rendez-vous à Boulogne. M. de Canaple fut étonné de ne l’y pas trouver, et d’apprendre qu’il ne s’y était arrêté qu’un moment, et qu’on ignorait où il était. Inquiet pour son ami d’une absence, qui même, dans la circonstance présente, pouvait faire tort à sa fortune, il allait envoyer à Calais où on lui avait dit qu’il pourrait en apprendre des nouvelles, lorsqu’un homme attaché à M. de Châlons vint le prier de l’aller joindre dans un lieu qu’il lui indiqua.

Le comte de Canaple fut surpris de trouver M. de Châlons dans son lit, et d’apprendre qu’il était blessé. Il allait en demander la cause ; M. de Châlons prévint ses questions. J’ai besoin de votre secours, lui dit-il, dans l’occasion la plus pressante de ma vie. Ne croyez cependant pas, mon cher Canaple, que ce soit à ce besoin que vous deviez ma confiance. Je vous aurais dit en Bourgogne ce que je vais vous dire, si votre sévérité sur tout ce qui est galanterie et amour ne m’avait retenu. Vous avez eu tort, dit M. de Canaple, de craindre ce que vous appelez ma sévérité : je ne condamne l’amour que parce que les hommes y mettent si peu d’importance qu’il finit toujours par de mauvais procédés avec les femmes. Vous allez juger, reprit M. de Châlons, si je mérite des reproches de cette espèce.

Mon père m’envoya, il y a environ deux ans, en Picardie, recueillir la succession de ma mère. Je fus dans une terre considérable, située à quelque distance de Calais, qui lui appartenait. Les affaires ne remplissaient pas tout mon temps. Je cherchai des amusements