Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/161

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avons combattu sans ordre, dans un terrain qui nous était désavantageux, et contre une armée plus nombreuse, où la discipline est observée. Malgré ces avantages, la troupe que je commandais a enveloppé le prince de Galles. Ce jeune prince à qui Édouard[1] a refusé le secours qu’il lui avait envoyé demander, ne trouvant plus de ressource que dans son courage, a fait des prodiges de valeur. Ses gens, animés par son exemple, ont redoublé leurs efforts, et il nous a échappé. Je me suis vu moi-même abandonné des miens ; et, si la nuit n’avait favorisé ma retraite, je serais mort, ou prisonnier. J’ai eu encore le bonheur de dégager le pauvre Granson d’une troupe de soldats dont il était environné. Je l’ai conduit à Amiens. Le roi, qui s’y est retiré, m’a donné l’ordre de venir ici pour voir l’état de la place, et pour consulter avec vous sur les moyens de la conserver.

Un homme envoyé par mademoiselle de Mailly à M. de Canaple, pour le prier qu’elle pût le voir un moment, ne donna pas le temps à M. de Vienne de lui répondre. Il suivit l’homme qui lui avait été envoyé, et promit à M. de Vienne qu’il serait bientôt de retour.

Mademoiselle de Mailly, aussitôt qu’elle l’avait entendu, s’était levée avec promptitude pour aller au-devant de lui ; mais son trouble et son agitation étaient si grands, qu’il ne lui fut pas possible de faire un pas ; et, se laissant aller sur sa chaise : Ah ! monsieur, s’écria-

  1. Le roi d’Angleterre, quand on lui demanda un renfort pour le prince de Galles, répondit : Il faut que l’enfant gagne ses éperons.