Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/192

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part ; il semblait qu’à force de changer de place, j’accourcirais le jour.

Celui que j’attendais vint enfin. Quoique je fusse dans une grande agitation, et que le cœur me battît violemment, quand je me trouvai vis-à-vis de mademoiselle de Roye, je n’avais pas le même embarras, ni la même crainte que la première fois. Le peu que j’avais dit alors, les lettres que j’avais écrites depuis, m’avaient enhardi.

Mademoiselle de Roye, au contraire, me paraissait plus timide et plus embarrassée. Que ne lui dis-je point ! combien de protestations, de serments, de larmes même, et de larmes trop sincères pour ne pas faire impression ! Que vous dirai-je ? c’était mon cœur qui parlait ; il persuada un cœur que ma bonne fortune avait prévenu favorablement pour moi. Après beaucoup de résistance, j’obtins la permission de revenir dans quelques jours. Je ne pus me résoudre à attendre le temps qui m’était marqué ; je revins dès le lendemain. Des fautes de cette espèce sont aisément pardonnées ; on me gronda, à la vérité, de n’avoir pas obéi ; mais on me gronda d’une façon si douce, que c’était presque m’en remercier.

Malgré les ordres de madame de Mailly, nos entrevues devinrent faciles. Sitôt que je n’eus plus à tromper mademoiselle de Roye, je prenais si bien mes mesures, et j’avais si bien mis dans mes intérêts ceux dont j’avais besoin, qu’il n’y avait presque point de jour où je ne passasse au moins quelques moments à cette heureuse grille.

Le caractère de mademoiselle de Roye ne laisse rien