Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/205

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avec autant et plus de joie que vous n’en avez vous-même de le recevoir. Il lui conta alors comment le hasard l’avait mis en sa puissance. Milord d’Arondel l’écoutait, les yeux toujours attachés sur son fils, qu’il serrait entre ses bras, et qu’il mouillait de quelques larmes que la joie et la tendresse faisaient couler. Je reconnais, disait-il, les traits de sa mère : voilà sa physionomie ; voilà cette douceur aimable qui règne sur son visage ; voilà ses grâces. Ces discours étaient accompagnés de mille caresses, qu’il ne cessait de prodiguer à ce fils si chéri et si heureusement retrouvé. Il semblait que cet enfant, inspiré par la nature, reconnût aussi son père. Il s’attachait à lui ; il ne pouvait plus le quitter ; il lui souriait ; il voulait lui parler.

M. de Châlons contemplait ce spectacle avec un plaisir que la situation agréable où il était lui-même lui rendait plus sensible. Je vous demanderais pardon de mes faiblesses, lui dit milord d’Arondel ; mais vous êtes trop honnête homme pour n’en être pas susceptible aussi. J’éprouve dans ce moment que les sentiments de la nature ne le cèdent pas à ceux de l’amour. Hélas ! poursuivit-il en embrassant encore son fils, sa malheureuse mère pleure sa perte ! Tandis que mon cœur se livre à la joie, elle est plongée dans le plus affreux désespoir ; elle se repent peut-être de m’avoir aimé !

L’attachement que vous avez pour mademoiselle de Mailly, et dont je suis informé, dit-il à M. de Châlons, après avoir fait signe à ceux qui étaient dans la chambre de sortir, demande de vous les mêmes choses que vous demande l’amitié que vous avez pour moi. Voyez mademoiselle de Mailly pour son intérêt, pour