Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/207

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De retour chez lui, il fit conduire Saint-Val chez M. de Châlons. Milord d’Arondel vous a appris qui je suis, lui dit M. de Châlons, et vous a assuré que vous pouvez prendre une entière confiance en moi. Oui, seigneur, répondit Saint-Val. L’heureuse aventure qui lui a rendu son fils marque la protection particulière du ciel sur mademoiselle de Mailly, dont l’innocence aurait pu vous être toujours suspecte. Ne parlons point d’une chose, répliqua M. de Châlons, qui me cause le plus vif repentir, et dont je vous prie de perdre à jamais le souvenir. Ce repentir serait encore plus grand, dit Saint-Val, si vous étiez instruit de tout ce que mademoiselle de Mailly a fait pour vous. De grâce, mon cher Saint-Val, répliqua M. de Châlons d’une manière affectueuse et presque suppliante, informez-moi de ce qui peut avoir le moindre rapport à elle.

Il faut, seigneur, pour vous satisfaire, répondit Saint-Val, rappeler le temps où M. de Mailly avait pris des engagements avec vous. Son mariage avec madame du Boulai lui donna d’autres vues ; mais, quelque grand que fût le crédit de madame du Boulai sur l’esprit de M. de Mailly, il ne put refuser à mademoiselle de Mailly le temps qu’elle demandait pour tâcher de vous oublier. Le mariage de monsieur son père se fit tout seul, et mademoiselle de Mailly n’eut, pendant quelque temps, d’autre peine que celle de ne conserver aucun commerce avec vous.

Milord d’Arondel vint à Calais à peu près dans ce temps-là. Ce qu’il a été obligé de m’avouer des sentiments de madame de Mailly pour lui, de la jalousie qu’elle conçut pour sa belle-fille, me donne l’intelligence