Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/208

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d’une conduite dont jusqu’ici je n’avais pu comprendre les motifs. Mademoiselle de Mailly eut mille persécutions à essuyer pour épouser M. du Boulai, et elles augmentèrent lorsque vous eûtes enlevé mademoiselle de Liancourt.

Mademoiselle de Mailly ne pouvait plus alors opposer à la volonté de son père l’inclination qu’elle conservait pour vous. Sa résistance fut mise sur le compte de M. d’Arondel. M. du Boulai, inspiré par sa mère, tourna toute sa jalousie contre lui ; et je ne sais s’il ne vous prit point pour quelqu’un qui lui appartenait, quand il vous attaqua, lui troisième, sous les fenêtres de mademoiselle de Mailly. Votre valeur vous délivra de ces indignes assassins. M. du Boulai vous reconnut, lorsque vous lui fîtes rendre son épée, et vécut encore assez pour exciter contre vous et contre mademoiselle de Mailly un violent orage.

Madame de Mailly, à la vue de son fils couvert de sang et de blessures, n’écouta que son désespoir et sa rage. C’est vous, dit-elle à M. de Mailly, qui avez causé mon malheur. Ce sont les promesses que vous m’avez faites, et que vous n’avez pas eu la force de remplir, qui ont allumé la passion de mon malheureux fils ; il ne manque plus pour achever de me percer le cœur, que de voir son meurtrier devenir votre gendre. Oui, vous aurez cette faiblesse ; votre fille peut tout sur vous, et je ne puis rien.

M. de Mailly aimait sa femme. L’état où il la voyait animait sa tendresse. Madame de Mailly profita de ce moment pour faire approuver ses desseins. Vous aviez, disait-elle, assassiné son fils ; elle en avait toutes les