Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/243

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reuse, et je vous promets d’y travailler. Allez, suivez madame de Warwick, elle aura soin de vous donner les choses qui vous sont nécessaires.

J’ose encore, madame, demander une grâce à votre Majesté, répliqua madame de Granson : mon père pleure ceux que votre bonté a sauvés ; daignez ordonner qu’on aille sécher ses larmes. Vous serez satisfaite, lui dit la reine en la congédiant.

M. de Canaple et M. de Châlons furent ensuite introduits. Je ne croyais pas, leur dit le roi, avoir sauvé la vie à des ennemis si dangereux. Je sais que le courage de l’un et de l’autre a retardé plus d’une fois mes victoires. Daignez, sire, répondit M. de Canaple, ne pas rappeler des choses dont les bontés de votre Majesté nous feraient repentir, s’il était possible de se repentir d’avoir fait son devoir. Peut-être, lui dit Édouard en souriant, pourrais-je mettre votre vertu à des épreuves plus dangereuses. Allez, sous la conduite de milord d’Arondel, chez M. de Warwick faire vos remerciements à la personne à qui vous devez véritablement la vie.

Le comte de Canaple, à qui il n’était pas permis de questionner le roi, ne fut pas plutôt hors de sa présence, qu’il demanda à milord d’Arondel, avec un empressement et un trouble dont il ne démêlait pas la cause, l’éclaircissement de ce que ce prince venait de dire. Je sais, lui dit milord d’Arondel, qu’un jeune homme, d’une extrême beauté, que je viens de voir aux pieds de la reine, est venu demander au roi de mourir pour vous… Ah ! milord, s’écria le comte de Canaple, qui n’osait croire ce qui lui venait dans l’esprit,