Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/242

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conduits, et venez chez le roi, où nous avons ordre de vous mener.

M. de Châlons lui conta, en y allant, que ce n’était que depuis deux jours qu’il avait pu entrer dans Calais. Pardonnez-moi, milord, de n’avoir pas rempli vos intentions, et de n’avoir songé, dans ce moment, qu’à sauver mademoiselle de Mailly. Je n’ai plus rien à demander à votre amitié, répliqua milord d’Arondel : je suis réuni à madame d’Arondel ; il ne me reste de souhaits à faire que pour votre bonheur ; et, se tournant vers M. de Canaple : Je n’aurais guère moins d’empressement, lui dit-il, de contribuer au vôtre. M. de Châlons voudra bien vous assurer que vous pouvez compter sur moi.

Ils se trouvèrent alors si près de la tente du roi, que M. de Canaple n’eut presque pas le temps de répondre à des offres si obligeantes. Milord d’Arondel entra pour informer le roi du nom des prisonniers.

Madame de Granson n’eut pas plutôt entendu nommer M. de Canaple, que se mettant de nouveau aux genoux de la reine : Ah ! madame, lui dit-elle, accordez-moi la grâce de me retirer ; je ne puis soutenir la honte qui m’accable, et l’indécence de l’habit que je porte. Vous craignez, répondit la reine qui avait remarqué son trouble au nom de M. de Canaple, la vue d’un homme pour qui vous avez voulu mourir !

Le sacrifice de la vie, madame, répondit madame de Granson, n’est pas toujours le plus difficile. Vos sentiments sont si honnêtes, dit la reine, qu’ils m’inspirent autant d’estime pour vous, que vous m’avez d’abord inspiré de pitié ; je veux que vous soyez heu-