Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/248

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Canaple : milord d’Arondel s’est assuré de la protection de la reine d’Angleterre pour M. de Châlons, et votre mariage est le prix de la liberté de M. de Mailly. Ah ! dit encore mademoiselle de Mailly, il ne faut point que ce consentement lui soit arraché ; tout bonheur cesserait d’être bonheur pour moi, si je l’obtenais contre sa volonté.

M. de Mailly, préparé par M. de Vienne à ce que l’on demandait de lui, entendit en entrant dans la chambre de sa fille, ces dernières paroles ; et, allant à elle les bras ouverts : Non, ma chère fille, lui dit-il, ce ne sera point contre ma volonté que vous serez heureuse ; j’ai souffert, autant que vous, des peines que je vous ai faites. Oubliez-les ; c’est un père qui vous aime, qui vous a toujours aimée, qui vous le demande ; et, joignez-vous à moi pour les faire oublier à M. de Châlons, que je vais vous amener. Le malheureux état où madame de Mailly est réduite ne permet plus de ressentiment contre elle, et ne peut que vous laisser de la pitié.

Madame de Mailly était effectivement menacée d’une mort prochaine. Le chagrin dont elle était dévorée depuis longtemps, et que le peu de succès de ses artifices redoublait encore, l’avait jetée dans une maladie de langueur qui augmentait tous les jours.

Madame de Granson, pour laisser à mademoiselle de Mailly la liberté de recevoir M. de Châlons, la quitta, et M. de Canaple la suivit. M. de Mailly, accompagné de M. de Châlons, parut un moment après ; et, le présentant à sa fille : Je vous avais séparés malgré moi, mes chers enfants, leur dit-il ; c’est de tout mon cœur que je vous rejoins.