LES MALHEURS
DE L’AMOUR.
PREMIÈRE PARTIE.
on grand-père avait acquis de grands biens dans
une charge de finance, et laissa mon père à portée de
les accroître par la même voie. Des richesses acquises
avec tant de facilité persuadent volontiers à ceux qui
les possèdent qu’elles leur sont dues, et ne leur laissent
qu’une espèce de mépris pour ceux que la fortune n’a
pas aussi bien traités.
Mon père était né pour penser plus raisonnablement ; il ne lui manquait, pour avoir de l’esprit et du mérite, que la nécessité d’en faire usage ; mais on ne sent guère cette nécessité, quand on jouit d’une grande fortune qu’on n’a pas eu la peine d’acquérir. Les talents et les pensées saines sont presque toujours le fruit du besoin ou du malheur.
Ma mère était d’une condition pareille à celle de mon père. Ils joignirent, par leur mariage, des richesses à des richesses, et je naquis dans le sein d’une