Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/269

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soir ; vous me ferez même plaisir : je vais engager encore deux ou trois hommes de mes amis ; car il n’est pas mal d’être les plus forts dans cette maison.

Quelque répugnance que le comte de Barbasan (c’est le nom de celui à qui il parlait) eût d’être présenté par quelqu’un dont il connaissait tous les ridicules, le désir de me voir l’emporta, et la partie fut acceptée. Ils vinrent tous deux, après la pièce, à la porte de notre loge. La présentation de M. de Barbasan fut faite légèrement : ils nous mirent dans notre carrosse, montèrent dans le leur, et furent aussitôt que nous au logis, où il y avait déjà du monde.

Quelle différence de Barbasan à tout ce que j’avais vu jusque-là. Je ne parle point des grâces de sa figure ; je me flatte que, si elles avaient été seules, elles n’auraient pas fait d’impression sur moi ; mais son esprit, son caractère, voilà ce qui me toucha ; j’eus le temps de prendre bonne opinion de l’un et de l’autre dès ce premier jour.

La conversation roula d’abord sur la pièce : nos petits-maîtres la déclarèrent détestable : je l’ai dit à Barbasan, dit le marquis du Fresnoi. Ajoutez, répliqua Barbasan, que vous me l’avez dit dès le premier acte : pour moi, je ne suis point si pressé de juger ; je vais à la tragédie pour donner de l’occupation à mon cœur ; si je suis touché, je n’en demande pas davantage ; je ne chicane point l’auteur sur la façon ; je lui sais gré, au contraire, des peines qu’il a prises pour me donner un sentiment très agréable.

De la pièce, qui était l’histoire du jour, on passa aux aventures de la cour et de la ville. Barbasan sou-