Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/28

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crois très-difficile de lire telle page du Comte de Comminge et des Malheurs de l’Amour, sans se sentir ému jusqu’aux larmes. Soit que, vivant habituellement avec des écrivains penseurs, accoutumés à tirer des résultats généraux de leurs observations particulières, elle imitât involontairement leur manière, soit que le tour de son esprit l’y portât naturellement, madame de Tencin a fait dans ses écrits un assez fréquent usage des réflexions.

On n’a su qu’après sa mort qu’elle était l’auteur de ses ouvrages ; de son vivant, le secret en était renfermé entre un fort petit nombre d’amis. Ce fut Montesquieu qui le divulgua le premier.

On trouvera pour la première fois réunie aux œuvres de madame de Tencin, sa correspondance avec le duc, depuis maréchal de Richelieu, dont elle semble avoir été l’amie très-intime. Sous le seul rapport littéraire, cette augmentation serait déjà précieuse, puisqu’on doit aimer à voir ce qu’était madame de Tencin dans un genre où les femmes ont acquis une prééminence si marquée ; mais d’un autre côté les amateurs de particularités historiques ne trouveront point sans intérêt dans ses lettres, une foule de détails peu connus sur Louis XV, madame de Châteauroux, sa maîtresse, le cardinal de Tencin, MM. de Maurepas, d’Argenson, et autres personnages du temps. Leurs caractères, leurs intérêts, leurs actions, y sont décrits d’une manière d’autant plus exacte, que celle qui tient la plume était alors dans la position la plus favorable pour voir de près et juger les hommes et les choses.