Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/27

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conduite d’une manière plus simple, plus vraisemblable que dans le Siège de Calais. Elle est à la vérité suspendue par un très-long épisode qui n’y tient pas essentiellement ; mais cet épisode est amené d’une manière si naturelle, il offre lui-même tant d’intérêt, que le plaisir du lecteur n’est point affaibli pour avoir changé d’objet.

Le dernier des ouvrages de madame de Tencin est intitulé : Anecdotes de la cour et du règne d’Édouard II, roi d’Angleterre. Elle n’en a fait que les deux premières parties ; la troisième et dernière est de madame Élie de Beaumont, femme du célèbre avocat de ce nom, et auteur des Lettres du marquis de Roselle, roman également recommandable par la pureté de la morale et celle de la diction. Elle a repris avec tant d’adresse le fil interrompu de l’action, et modelé avec tant de justesse son style sur celui de madame de Tencin, que le roman semble avoir été imaginé d’un seul jet et écrit par une même plume.

Le style de madame de Tencin est plein de naturel, d’agrément et de bon goût ; on y remarque de temps en temps de ces heureuses irrégularités qu’on ne pourrait rectifier sans donner à la phrase un tour moins vif et moins énergique ; sa narration, également éloignée de la sécheresse et de la diffusion, n’omet rien d’intéressant, n’admet rien de superflu ; les discours qu’elle fait tenir à ses personnages sont toujours assortis à leur caractère et à leur situation. La nature de ses romans en général a souvent exigé d’elle l’emploi du pathétique, et l’on peut dire qu’elle en a parfaitement connu et déployé toutes les ressources. Je