Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/327

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dant la route, tout ce qu’il crut capable de plaire ; mais ses soins, ses empressements, ses louanges n’apprenaient point à mademoiselle d’Essei l’impression qu’elle avait faite sur lui ; ce langage de l’amour lui était inconnu, et son cœur ne lui en donnait point de leçon en faveur du comte.

Madame de Polignac, attentive à tout ce qui pouvait intéresser son amie, s’en aperçut avec joie ; l’amour du comte de Blanchefort lui parut un acheminement à la fortune qu’elle avait espérée pour mademoiselle d’Essei. À leur arrivée à Paris, le comte de Blanchefort leur demanda la permission de les voir. Il a la réputation d’un très honnête homme, disait madame de Polignac à mademoiselle d’Essei ; vous lui avez inspiré tant d’amour et tant de respect, que, puisqu’il cherche à vous voir, il n’a que des vues légitimes. Vous connaissez, répliqua mademoiselle d’Essei, ma répugnance pour le couvent ; mais je vous avoue aussi que j’aurais beaucoup de peine à épouser un homme qui ferait tant pour moi ; il me semble qu’il faut plus d’égalité dans les mariages pour qu’ils soient heureux, et je ne voudrais point devoir mon bonheur à une illusion que je craindrais toujours qui ne vînt à finir.

Madame de Polignac se moqua des délicatesses de mademoiselle d’Essei, et la fit consentir à recevoir les soins du comte de Blanchefort. Elle n’avait aucun goût pour lui, mais elle l’estimait ; et, comme elle n’avait pour personne des sentiments plus vifs, elle le traitait de façon à lui donner, du moins, de l’espérance.

Ce fut alors que les fêtes pour le mariage du roi