Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/328

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commencèrent. Mademoiselle d’Essei suivit madame de Polignac au carrousel de la Place-Royale, où elle allait avec la comtesse de Ligny. Il y avait des échafauds dressés pour les dames, qui avaient eu soin d’y paraître avec tous les ornements propres à augmenter leur beauté : la seule mademoiselle d’Essei était vêtue d’une manière simple et modeste ; cette simplicité, qui la distinguait, fit encore mieux remarquer toute sa beauté.

Le marquis de la Valette, fils aîné du duc d’Épernon, qui s’était arrêté par hasard au-devant de l’échafaud où elle était placée, fut étonné de voir une si belle personne : il repassa encore plusieurs fois, et la regarda toujours avec un nouveau plaisir.

Toutes les dames prenaient parti pour les combattants ; mademoiselle d’Essei, qui n’avait point remarqué l’attention que le marquis de la Valette avait eue de la regarder, charmée de sa bonne grâce et de son adresse, se déclara pour lui ; et, par un mouvement très-naturel en pareille occasion, elle le suivait des yeux dans la carrière, et marquait sa joie, toutes les fois qu’il avait obtenu l’avantage.

Aussitôt que les courses furent achevées, il vint sur l’échafaud, pour demander à madame la comtesse de Ligny, sa tante, qui était cette belle personne. Venez, lui dit madame de Ligny, aussitôt qu’elle le vit ; et, sans attendre qu’il lui eût parlé, venez remercier mademoiselle d’Essei des vœux qu’elle a faits pour vous.

Mademoiselle d’Essei, embarrassée qu’un homme aussi bien fait que M. de la Valette eût des remerciements à lui faire, se pressa d’interrompre madame de