Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mademoiselle d’Essei : il se flattait quelquefois que les mornes raisons qui les lui avaient fait accepter les lui ferait accepter encore, et qu’elle ne résisterait point à la fortune et au rang qu’il pouvait lui donner.

Il partit pour le Paraclet, dans la résolution de mettre tout en usage, jusqu’à la violence même, pour se ressaisir d’un bien sur lequel il croyait que la vivacité de son amour lui avait rendu ses droits. Quel nouveau sujet de désespoir, quand il sut la véritable condition de mademoiselle d’Essei, et l’engagement qu’elle avait pris ! Sa douleur était si forte et si véritable, que madame du Paraclet, qui lui avait annoncé des nouvelles si accablantes, ne put lui refuser quelque pitié, et ne put se défendre de parler à mademoiselle de Joyeuse. Obtenez de grâce, lui disait-il, qu’elle daigne m’entendre : sa vertu lui parlera pour moi : elle se ressouviendra de nos engagements : elle ne voudra point m’exposer et s’exposer elle-même aux effets de mon désespoir.

La perfidie du comte de Blanchefort, répondit mademoiselle de Joyeuse quand madame du Paraclet voulut s’acquitter de sa commission, m’a affranchie de ces engagements qu’il ose réclamer : je ne crains point les effets de son désespoir : qu’il rende, s’il en a la hardiesse, mon aventure publique : ma honte sera ensevelie dans cette maison, et j’aurai moins de peine à la soutenir que je n’en aurais de voir et d’entendre un homme pour qui j’ai la plus juste indignation et le plus profond mépris.

Ces premiers refus ne rebutèrent point M. de Blanchefort : il mit tout en usage pour parler à mademoi-