Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vœux, avait pris le nom d’Eugénie, eut peu de temps après la douleur sensible de perdre madame l’abbesse du Paraclet. Il ne lui fut plus possible, après cette perte, de rester dans un lieu où tout la lui rappelait : elle obtint de venir à Paris dans l’abbaye de Saint-Antoine. Les arrangements qu’elle avait pris en disposant de son bien, la mirent en état d’y être reçue avec empressement.

M. le marquis de la Valette, après son retour à la cour, apprit qu’elle y était, et lui fit demander la permission de la voir. Soit effectivement que le temps, l’absence, et la perte de toute espérance, eussent produit sur lui leur effet ordinaire, ou qu’il eût la force de se contraindre, il ne montra à Eugénie que les sentiments qu’elle pouvait recevoir. Le commerce qui s’établit dès-lors entre eux leur a fait goûter à l’un et à l’autre les charmes de la plus tendre et de la plus solide amitié. Eugénie a voulu en vain le déterminer à se marier ; il lui a toujours répondu qu’il voulait se garder tout entier pour l’amitié.

Vous voyez, me dit Eugénie, quand elle eut achevé de me conter son histoire, que, si les malheurs que l’on a éprouvés dans le monde étaient une sûreté pour trouver de la tranquillité et du repos dans la retraite, personne n’avait plus de droit de l’espérer que moi : j’avoue cependant, à la honte de ma raison, qu’elle m’a souvent mal servie, et que mes regards se sont plus d’une fois tournés vers ce monde, où j’avais éprouvé tant de différentes peines.

Puisque mes aventures, dis-je, ne sont pas ignorées,