Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/403

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sortit que quand la place fut prise par le maréchal d’Estrées.

Barbasan en était connu, et en était particulièrement estimé. Le maréchal lui conseilla de passer au service du roi de Suède. Mon mariage, qu’il apprit dans le même temps, le détermina à prendre un parti où il espérait trouver la fin de ses maux. Il fit, en cherchant la mort, des actions si héroïques, que le roi de Suède crut ne pouvoir trop le récompenser ; mais il refusa constamment tout ce qu’on lui offrit, et ne voulut point sortir de l’état de simple volontaire.

Beauvais me dit encore que Barbasan, toujours plein de son amour et de sa douleur, était revenu en France, sans autre projet, sans autre espérance que de me voir, ne fût-ce même que de loin ; qu’il était arrivé à Paris précisément dans le temps que j’en étais partie pour aller joindre mon mari en Gascogne ; que, persuadé de la part que le commandeur de Piennes et Eugénie avaient à mon mariage, il n’avait voulu les voir ni l’un ni l’autre ; mais que, sans leurs secours, il avait été instruit de tout ce qu’il avait intérêt de savoir ; qu’il n’avait pas hésité de me suivre en Gascogne ; qu’il s’était arrêté à Marmande, petite ville à un quart de lieue de la terre où j’étais, et que c’était là qu’il avait appris la mort de mon mari, et mon extrême affliction ; que, comme je ne sortais point du château, il avait cherché à s’y introduire, et qu’il m’avait vue plusieurs fois, pendant la messe, dans la chapelle du château, et toujours avec un nouveau saisissement ; que, lorsque je commençai à aller dans la forêt, il quitta Marmande, et vint se loger dans une petite