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Page:La Femme libre, 1832.pdf/115

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Obéissant à ce sacré signal,
La voilà bien, majestueuse et belle.
Canons, ne tonnez plus ; tombez, mortel épieu :
La femme va parler, et sa voix virginale
Sera grande et morale :
Qui pourrait en douter nîrait la loi de Dieu.
Parmi nous, etc.


Je dois ajouter qu’ayant toutes senti que ces louanges, loin d’être corruptrices comme les louanges du passé, étaient dignes de nous, et peignaient le fond de notre pensée, nous avons, d’un mouvement spontané, pris la résolution d’offrir au jeune Mercier une écharpe, sur laquelle, plus tard, nous mettrons : Donnée par les femmes.

En regard de nos moyens pour glorifier ce qui nous paraît bien, je veux aussi vous faire connaître nos moyens de répression par un seul exemple pris également dans notre sein. Un jeune homme, plein d’avenir, mais d’un caractère jusqu’alors indomptable, auquel on avait laissé prendre l’habit saint-simonien, peut-être un peu trop légèrement, avait compromis ses frères, en prostituant cet habit : le père du jeune homme s’est senti le courage de demander à la famille la dégradation de son fils ; le fils, à son tour, est venu noblement, courageusement, s’accuser de ses torts devant tous, et se dépouiller de ses vêtemens symboliques. Lorsque, plus tard, par une conduite soutenue, il aura reconquis l’estime de la famille, les femmes elles-mêmes demanderont sa réhabilitation. Alors aussi je dirai son nom, qu’il rendra glorieux, parce qu’il ne voudra pas qu’une main de femme l’efface de nouveau. Que le monde juge par ces deux exemples de la force moralisante que nous puisons dans la religion saint-simonienne. Aussi, trouvant dans cette religion tout ce qui