Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/30

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Qu’on peut rendre en personne, ou bien par parasites ;
Qu’aux environs d’icy nul ne fasse un seul tour
Dont mon livre chargé ne l’instruise au retour ;
Et que, si je surprens le Soldat aupres d’elle,
Je tienne des clains-d’œil un registre fidelle,
Escrive leur propos de l’un à l’autre bout,
Ne laisse rien passer, et sois present à tout :
(Car le sage ne doit qu’à soy-mesme s’attendre[1]).
C’eust esté pour quelque autre un plaisir de l’entendre ;
Moy, qui sans cesse marche, et qui trotte, et qui cours,
Je ne ris qu’à demy de semblables discours,
Et je souhaiterois, du fond[2] de ma pensée,
Que le Dieu Cupidon eust la teste cassée :
Cela feroit grand bien aux pieds de cent valets.
J’approche de Thaïs, et voici son palais.
Quoy ! j’apperçois aussi nostre flateur à gage !



Scène 3

Parmenon, Gnaton, conduisant Pamphile.

Parmenon

Avance, homme de bien !

Gnaton

Avance, homme de bien ! Contemple ce visage.

Parmenon

Le coquin parle en Prince, et n’est qu’un gueux parfait.

Gnaton

Tu te penses moquer, je suis Prince en effet.

Parmenon

Des fous, cela s’entend.

  1. On lit dans L’Alouette et ses Petits : « Ne t’atten qu’à toy seul, c’est un commun proverbe ».
  2. Œuvres diverses de 1729 : au fond.