Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gnaton

Des fous, cela s’entend. Quoy ! des fous ? Il n’est sage
Qui sous moy ne deust faire un an d’apprentissage.

Parmenon

En quel art ?

Gnaton

En quel art ? De goinffrer.

Parmenon

En quel art ? De goinffrer. Je le trouve tres-beau.
Si tu peux y sçavoir quelque secret nouveau,
Il n’est point d’industrie à l’égal de la tienne.

Gnaton

Va, tu merites bien que je t’en entretienne ;
Seulement traittons-nous un mois à tes despens.

Parmenon

Volontiers ; mais dy-moy, sans me mettre en suspens,
Quelle est cette beauté qu’en triomphe tu menes ?

Gnaton

Celle qui va bien-tost t’espargner mille peines.
Je te trouve honneste homme, et suis fort ton valet ;
D’un mois, par mon moyen, ny lettre, ny poulet,
Ny billet à donner, ny response à pretendre.

Parmenon

Je commence, Gnaton, d’avoir peine à t’entendre.

Gnaton

Ny nuits à faire guet avec tes yeux d’Argus.

Parmenon

Tu me gesnes l’esprit par ces mots ambigus ;
Veux-tu bien m’obliger ?

Gnaton

Veux-tu bien m’obliger ? Comment ?

Parmenon

Veux-tu bien m’obliger ? Comment ? De grace, acheve.