Page:La Fontaine - Contes, Herhan, 1803.djvu/302

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Je t’avertis qu’à ce jeu… m’entends-tu ?
L’autre manant jura : Par la vertu,
Tiennette et moi nous n’avons qu’une noise,
C’est qui des deux y sait de meilleurs tours ;
Tu m’en diras quelques mots dans deux jours :
A toi Compère. Et de prendre la tasse,
Et de trinquer ; allons, Sire Oudinet,
A Jeanne ; top ; puis à Tiennette ; masse.
Somme qu’enfin la soulte du mulet
Fut accordée, et voilà marché fait.
Notre notaire assura l’un et l’autre
Que tels traités allaient leur grand chemins :
Sire Oudinet était un bon apôtre
Qui se fit bien payer son parchemin.
Par qui, payer ? par Jeanne et par Tiennette.
II ne voulut rien prendre des maris.
Les villageois furent tous deux d’avis
Que pour un temps la chose fut sécrète ;
Mais il en vint au curéquelque vent.
Il prit aussi son droit ; je n’en assure,
Et n’y étais ; mais la vérité pure
Est que curés y manquent peu souvent.
Le clerc non plus ne fit du sien remise ;
Rien ne se perd entre les gens d’Eglise.
Les permuteurs ne pouvaient bonnement
Exécuter un pareil changement
Dans ce village, à moins que de scandale :
Ainsi bientôt l’un et l’autre détale,
Et va planter le piquet en un lieu
Où tout fut bien d’abord moyennant Dieu.
C’était plaisir que de les voir ensemble.
Les femmes même, a l’envi des maris