Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si petit train n’avait rien d’admirable pour les habitans d’une ville si peuplée, séjour d’un puissant monarque, où l’on est accoutumé à des spectacles plus pompeux. La marche fut d’une lieue entière dans la grande rue, jusqu’à l’hôtellerie ordinaire de la nation hollandaise.

L’ambassadeur fit donner avis de son arrivée aux ministres des affaires étrangères. Le premier ordre qu’on lui signifia fut de se tenir renfermé dans sa chambre, lui et tous ses gens, avec défense au sugio de laisser approcher d’eux d’autres Japonais que leurs domestiques. Kœmpfer murmure un peu de cette rigueur. On devait croire, dit-il, nos appartemens assez éloignés de la rue, puisque c’était l’étage le plus élevé du derrière de la maison, où l’on ne pouvait entrer que par un passage étroit, qui aurait pu se fermer à la clef, si cette précaution avait paru nécessaire. Il y avait deux portes, l’une en bas et l’autre au haut de l’escalier, et les chambres n’avaient des ouvertures que d’un seul côté ; je n’avais dans la mienne qu’une fenêtre si étroite qu’elle me laissait à peine voir le soleil en plein midi.

Il se passa près de quinze jours avant que l’ambassadeur pût obtenir sa première audience ; la captivité des Hollandais diminua si peu dans cet intervalle, qu’on leur recommanda même de ne pas jeter de leurs fenêtres dans la rue le moindre papier sur lequel il y eut des caractères de l’Europe. Cependant il paraît que Kœmpfer eut l’adresse de ménager assez les gardes