Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/121

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sa majesté, et nous laissèrent dans la première salle où nous étions. Aussitôt qu’il fut entré, ils crièrent à haute voix : Hollanda capitaine ! C’était le signal pour l’avertir de rendre l’hommage usité. Il se traîna, suivant l’usage, sur les mains et les genoux, à l’endroit qui lui fut montré, entre les présens qui étaient rangés d’un côté, et l’endroit où l’empereur était assis : là, s’étant mis à genoux, il se courba vers la terre, jusqu’à la toucher du front ; ensuite il recula comme une écrevisse, c’est-à-dire en se traînant en arrière sur les mains et sur les pieds, sans avoir ouvert la bouche pour prononcer un seul mot. Il ne se passe rien de plus aux audiences que nous obtenons de ce puissant monarque, et l’on n’observe pas plus de cérémonie dans les audiences qu’il donne aux plus grands princes de l’empire. On les appelle à haute voix par leur nom : ils s’avancent en rampant ; et lorsqu’ils ont frappé la terre du front, ils se retirent de même. » Ce cérémonial est un peu dur ; mais comme chacun est maître chez soi, on a droit de traiter comme on veut ceux qui viennent des extrémités du globe pour recevoir des humiliations, dont on ne peut pas craindre la vengeance. Un cérémonial, après tout, ne signifie rien, quel qu’il soit, quand il est le même pour tout le monde. Lécher la terre chez les despotes d’Asie n’est qu’une manière de faire la révérence. Je sais bien qu’il y a des gens qui ne s’en accommoderaient pas ; mais les Hollandais auront