Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/143

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aujourd’hui plus de la moitié de l’empire est du domaine impérial.

On distingue donc au Japon deux empereurs : l’un que nos voyageurs appellent le monarque séculier, ou le cubosama, qui jouit réellement de toute l’autorité temporelle ; l’autre, qu’ils nomment le monarque ecclésiastique, et qui continue la succession des anciens daïris avec les apparences de la souveraineté, mais dont tout le pouvoir se réduit à régler les affaires de la religion, à nommer aux dignités ecclésiastiques, et à prononcer sur certains différens qui s’élèvent entre les grands.

Méaco est la résidence de ce souverain dégradé : il occupe dans la partie nord-est de la ville un palais d’immense étendue ; et, sous prétexte de veiller à sa conservation, le cubosama entretient constamment une grosse garnison pour le garder. Le daïri n’a proprement aucun domaine ; mais le cubosama, qui s’est emparé du domaine impérial, pourvoit noblement à sa subsistance : il lui abandonne le revenu de Méaco et de ses dépendances, auquel il ajoute quelque chose de son trésor : cet argent est mis entre les mains du daïri, qui en prend ce qui est nécessaire pour ses besoins et ses plaisirs, et qui distribue le reste à ses officiers. Le droit qu’on lui a conservé de nommer aux dignités ecclésiastiques, et de conférer généralement tous les titres d’honneur, est une autre ressource qui fait entrer d’immenses richesses dans ses coffres. Comme il prononce