Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/142

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qui portait le nom de Cubo, auquel on ajouta celui de sama, qui signifie seigneur ; et l’importance de cette charge, qui donnait une autorité presque absolue dans l’administration militaire, obligeait l’empereur de ne la confier qu’à des mains sûres : elle était ordinairement l’apanage du second de ses fils, lorsqu’il en avait plusieurs. Ce fut un de ces redoutables officiers, nommé Ioritomo, qui, prenant occasion d’une guerre civile pour secouer le joug, jeta les fondemens d’un nouveau trône, qui s’est soutenu jusqu’aujourd’hui. Kœmpfer nommé trente-six de ces empereurs cubosamas ; car c’est le titre qu’ils ont conservé, pour se distinguer des empereurs daïris. La guerre dura long-temps entre ces puissances, et l’alternative des succès devint l’occasion de nouveaux désordres, les seigneurs et les gouverneurs particuliers s’étant érigés en souverains dans leurs provinces. On nous représente, à cette époque, le Japon livré à une espèce d’anarchie féodale, aussi orageuse que l’a été long-temps celle de l’Europe. Pendant cette division de l’empire, les cubosamas ne jouissaient que des cinq provinces, qui sont l’ancien domaine des empereurs, mais, au commencement du seizième siècle, un de ces monarques se rendit absolu par la force des armes ; et, réduisant les daïrïs à la souveraineté religieuse, il établit entre lui et les iakatas ou princes la même distance qui existait entre les iakatas et les konikus ou gentilshommes vassaux ; de sorte que tous reculèrent d’un degré, et