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logés dans une petite chambre du palais, où ils attendent le moment de présenter leurs requêtes au nom des particuliers, ou de recevoir les ordres du gouverneur. C’est un emploi délicat et pénible qui demande beaucoup de prudence et d’attention. Ils n’ont pas de lieu fixé pour s’assembler ; et s’il est nécessaire qu’ils tiennent conseil, ils se rendent chez le nimbam, qui préside à toutes les assemblées où les gouverneurs ne se trouvent point.

Les sergens ou archers forment une compagnie composée d’environ trente personnes, qui demeurent dans une même rue, et qui étaient autrefois sous les ordres du nimbam ; mais elles ne reconnaissent aujourd’hui que ceux des gouverneurs. Leur occupation la plus ordinaire est de poursuivre et d’arrêter les criminels ; quelquefois même on les emploie pour les exécutions. Les enfans suivent la profession des pères ; la plupart sont d’excellens lutteurs, et d’une adresse extrême à désarmer un homme. Ils portent tous une corde avec eux ; et quoique leur emploi soit méprisé, il passe pour militaire et noble.

On a déjà remarqué qu’il n’y a pas de profession plus vile et plus odieuse au Japon que celle de tanneurs ; non-seulement ils écorchent les bestiaux morts et tannent les cuirs, mais encore ils servent d’exécuteurs pour toutes les sentences de la justice, telles que d’appliquer les criminels à la torture, ou de leur donner la mort ; aussi demeurent-ils ensemble dans un