Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/170

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Les Japonais ne négligent rien pour cultiver l’esprit de leurs enfans, et ne mettent aucune différence dans l’éducation des deux sexes. Les femmes savantes ne sont pas rares au Japon. Ce n’est pas du moins le temps qui leur manque, car elles ne doivent se mêler d’aucune sorte d’affaires. On apprend aux enfans à parler correctement, à bien lire, et à bien former les caractères. Ils en font une étude sérieuse, qui est suivie de celle de leur religion. À celle-ci succède la logique, qui leur apprend à discerner le vrai et raisonner juste. On passe aux leçons d’éloquence, de morale, de poésie et de peinture. Peu de nations ont plus de génie pour les beaux-arts.

Kœmpfer assure que la langue japonaise est originale, qu’elle est nette, articulée, distincte, et qu’elle n’a jamais que deux lettres combinées dans une syllabe. Les Japonais ne peuvent donner à notre H que le son de l’F. Leurs caractères sont grossiers et informés. Il sont posés les uns sur les autres en ligne perpendiculaire comme ceux dés Chinois ; mais au lieu que ceux-ci n’ont entre eux aucune particule qui les lie, parce que chaque caractère est un mot, le génie de la langue japonaise exige que les caractères, qui sont aussi des mots, soient quelquefois transposés, et quelquefois joints ensemble par d’autres, ou par des particules inventées pour cet usage ; ce qui est si nécessaire, que lorsqu’on imprime au Japon des livres chinois on est obligé d’ajouter ces mots ou