Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/195

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lorsqu’elles ont achevé de s’habiller et de se peindre, qu’elles se montrent au public. La plupart se tiennent debout à la porte de ces maisons, ou bien, assises dans la petite galerie qui avance dans la rue, d’où elles invitent civilement les voyageurs à leur accorder la préférence.

À l’égard de la révolution qui fit chasser de cet empire les Portugais et tous les chrétiens, voici comment s’exprime Kœmpfer : « J’ai souvent entendu raconter par des Japonais dignes de foi que l’orgueil et l’avarice contribuèrent beaucoup à rendre toute la nation portugaise odieuse au Japon. Les nouveaux chrétiens mêmes étaient surpris et souffraient impatiemment que leurs pères spirituels n’eussent pas seulement en vue le salut de leurs âmes, mais qu’ils eussent aussi l’œil sur l’argent de leurs prosélytes et sur leurs terres ; et que les marchands, après s’être défaits de leurs marchandises à très-haut prix, exerçassent encore des usures insupportables. Les richesses et le succès imprévu de la propagation de l’Évangile enflèrent d’orgueil les laïques et le clergé. Ceux qui étaient à la tête du clergé trouvèrent au- dessous de leur dignité d’aller toujours à pied, à l’imitation de Jésus-Christ et de ses apôtres. Ils n’étaient pas contens s’ils ne se faisaient porter dans de magnifiques chaises, imitant la pompe du pape et de ses cardinaux à Rome. Non-seulement ils se mettaient sur le pied des plus grands de l’empire, mais ils prétendaient à la supériorité du