Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/200

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bientôt exterminés jusqu’au dernier. Un empressement si soumis pour l’exécution d’un ordre qui entraînait la destruction totale du christianisme assura l’établissement des Hollandais au Japon, malgré le dessein que la cour avait eu d’en exclure tous les étrangers ; mais il faut convenir que les moyens n’étaient pas nobles, et Kœmpfer en convient. Une si basse déférence n’était pas propre à leur attirer la confiance et l’estime d’une nation généreuse : aussi la tolérance qu’on leur accorde est-elle achetée bien cher par toutes les humiliations qu’on leur fait essuyer. Ils s’attendaient, pour prix de leurs services, à se voir tout d’un coup en possession, non-seulement de la liberté qu’ils désiraient pour leur commerce, mais encore de tous les avantages dont ils avaient fait dépouiller leurs rivaux. Cependant ils reçurent ordre de démolir le comptoir et le magasin qu’ils avaient bâtis depuis peu dans l’île de Firando, parce qu’ils étaient de pierre de taille, et qu’ils avaient gravé au frontispice l’année de l’ère chrétienne : ensuite ils se virent forcés d’abandonner entièrement ce comptoir, et de se confiner dans la petite île qui avait été bâtie pour les Portugais. Là ils sont environnés d’une foule d’officiers, de gardes et de surveillans japonais, surtout à l’arrivée de leurs vaisseaux, et pendant la durée de leur vente. Ces geôliers et ces espions, auxquels ils sont obligés de payer eux-mêmes des gages fort considérables, n’approchent d’eux qu’après s’être engagés par