Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/208

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les pratiques n’ont presque rien de commun. Les unes adorent le soleil et la lune, et d’autres offrent leur encens à divers animaux. Les camis, premiers souverains du Japon, les Fos des Indes, tous ceux qui ont contribué à peupler et à policer ces îles, qui y ont porté des lois civiles, quelque science, quelque art, et tous ceux qui y ont établi quelque nouveau culte y ont des temples et des adorateurs. La plupart des grands passent pour athées, et croient l’âme mortelle, quoiqu’à l’extérieur ils fassent profession de quelque secte. Enfin les démons mêmes ont des autels et des sacrifices au Japon.

On accorde le titre de camis à tous les grands hommes qui se sont distingués pendant leur vie par leur sainteté, leurs miracles, et les avantages qu’ils ont procurés à la nation. Chacune de ces divinités a son paradis, les unes dans l’air, d’autres au fond de la mer, dans le soleil, dans la lune, et dans tous les corps lumineux qui éclairent les cieux. Il n’y a point de ville où le nombre des temples et des chapelles ne soit presque égal à celui des maisons. Les empereurs et les princes se disputent la gloire d’en bâtir de magnifiques ; aussi les richesses de quelques-uns de ces monumens ne surprennent-elles pas moins que leur nombre. Il n’est pas rare d’y voir quatre-vingts ou cent colonnes de cèdre d’une prodigieuse hauteur, et des statues colossales de bronze : on y en voyait même autrefois d’or et d’argent, avec une quantité de lampes et d’ornemens d’un grand prix. Les statues sont