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tes de thé et de marmelades, et quelques milliers de cobangs[1] en or.

Ce qui peut consoler les Hollandais des affronts qu’ils éprouvent, c’est que les Chinois ne sont pas mieux traités. Devenus suspects au Japon, où l’on craint leurs entreprises, ils y sont resserrés dans une espèce de prison de commerce, comme les Hollandais à Desima. En 1688, un jardin qui avait appartenu à un intendant des domaines impériaux leur fut assigné pour demeure. Ce jardin était agréablement situé vers le fond du port, près du rivage et de la ville. Il avait été soigneusement embelli d’un grand nombre de belles plantes domestiques et étrangères. On bâtit sur ce terrain plusieurs rangs de petites maisons, chaque rang couvert d’un toit commun. Tout l’espace fut environné de fossés, de palissades et de doubles portes. Cette opération fut si prompte, que le même lieu, qui était un des plus agréables jardins du monde au commencement de février, avait, à la fin de mai, l’odieuse apparence d’une prison, où les Chinois se virent renfermés sous une bonne garde. En quelque temps qu’ils arrivent, on ne leur accorde pas d’autre retraite ; ils y sont traités comme les Hollandais à Desima.

La liberté qui régnait dans cet empire avant la ruine du christianisme y avait introduit quantité de sectes étrangères, au préjudice de l’ancienne religion du pays. Quelques auteurs en comptent jusqu’à douze, dont les principes et

  1. Monnaie d’Asie.