Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/254

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force, baisse encore en finissant. Ce bruit lui parut ressembler à celui du fuseau d’un boutonnier. Il commence au lever du soleil, et finit à midi.

Parmi les mouches de nuit, on en voit une très-rare, à peu près de la longueur du doigt, déliée, ronde, avec quatre ailes, dont deux sont transparentes et cachées sous les deux autres, qui sont luisantes, comme si elles avaient été polies et embellies d’un charmant mélange de taches et de lignes bleues et dorées. Cet insecte est d’une beauté si singulière, qu’on se fait un plaisir d’en conserver entre les bijoux les plus curieux. Elle a fait naître aux poètes japonais l’idée d’une fable qui explique l’ardeur inconsidérée avec laquelle on voit les mouches se brûler à la chandelle. Ils racontent que toutes les autres mouches de nuit sont devenues amoureuses de cet insecte, et que pour se délivrer de leurs importunités, il leur ordonne malicieusement, sous prétexte de mettre leur constance à l’épreuve, de lui aller quérir du feu. Les mouches, ne consultant que leur passion, lui obéissent aveuglément, et courent contre le premier feu qu’elles rencontrent, où elles ne manquent pas de se brûler.

Les côtes de chaque île abondent en toutes sortes de plantes marines, de poissons, d’écrevisses et de coquillages. Il n’y en a presque point qui ne serve de nourriture aux habitans ; quelques-uns sont d’une bonté qui ferait honneur aux meilleures tables. On comprend sous