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effaça le souvenir des chagrins qu’il y avait essuyés pendant plus de huit ans. Don Juan de Colonna, secrétaire d’état, reçut ordre de traiter avec lui et de lui expédier un brevet et des lettres-patentes par lesquelles on lui accorda volontairement plus d’honneurs qu’il n’en avait désiré.

Ces fameux actes, qui devaient acquérir à l’Espagne la souveraineté d’un nouveau monde, furent signés, l’un à Santa-Fé, et l’autre à Grenade, dans le temps que leurs majestés catholiques venaient d’achever la ruine des Maures après une domination de huit cents ans. Mais observons, avec un historien moderne, que la couronne d’Aragon n’entra pour rien dans cette entreprise, quoique tout parût se faire également au nom du roi et de la reine. Comme la Castille seule en fit tous les frais, le Nouveau-Monde ne fut découvert et conquis que pour elle ; et, pendant toute la vie d’Isabelle, la permission d’y passer et de s’y établir ne fut guère accordée qu’à des Castillans ; ce qui n’empêcha point que le roi ne prît tous les honneurs de la souveraineté, et quelquefois même sans y joindre le nom de la reine de Castille au sien, parce qu’il représentait son épouse.

Colomb reçut, avant son départ de Grenade, des lettres-patentes qui devaient le faire respecter de tous les princes du monde, et l’ordre de ne point approcher de cent lieues des conquêtes du Portugal ; ordre fort extraordinaire, et