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qui semble n’être qu’une formule politique, puisqu’on était fort loin de soupçonner alors que les Espagnols et les Portugais pussent jamais se rencontrer en venant des deux extrémités opposées. Colomb, après avoir passé à Cordoue, pour régler les affaires de sa famille, n’eut plus d’autre empressement que de se rendre à Palos, où les préparatifs étaient déjà commencés pour son armement. Il avait fait choix de ce port, parce qu’on y trouvait les meilleurs matelots de l’Espagne. Le père Marchena continuait de le servir avec zèle, et lui avait déjà fait autant d’amis qu’il y avait de gens de mer à Palos. On compte particulièrement dans ce nombre les trois Pinçon frères, qui passaient pour les plus riches habitans et les plus habiles navigateurs du pays, et qui ne firent pas difficulté d’engager leurs personnes et une partie de leur bien dans la nouvelle expédition.

La ville de Palos était alors obligée de mettre en mer, pendant trois mois de l’année, deux caravelles pour la garde des côtes : les habitans eurent ordre de les donner à Christophe Colomb. Il en équipa une autre qu’il monta lui-même, et qu’il nomma la Sainte-Marie. La première des deux autres était la Pinta, à laquelle il donna pour capitaine Martin-Alphonse Pinçon, et pour pilote François-Martin Pinçon, le plus jeune des trois frères. Vincent-Yanes Pinçon commanda la seconde, qui se nommait la Nina. L’équipage de ces trois navires n’était composé que de quatre-