Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/279

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l’eût découverte plus tôt, s’il eût tourné au midi, vers lequel tous les petits oiseaux qu’il avait vus prenaient leur vol. On continuait d’en apercevoir de nouvelles troupes, dont le ramage se faisait entendre ; on distinguait leur couleur. Les thons étaient en plus grand nombre. Mais les deux jours suivans offrirent des signes d’une autre nature qui ne purent manquer de rendre le courage aux plus timides. Les matelots de l’Amiral virent passer un gros poisson vert de l’espèce de ceux qui ne s’éloignent jamais des rochers. Ceux de la Pinta virent flotter une canne fraîchement coupée, et prirent un morceau de bois travaillé, avec un tas d’herbes qui paraissaient arrachées depuis peu de temps du bord de quelque rivière. Ceux de la Nina virent une branche d’épine avec son fruit. On respirait un air plus frais ; et, ce qui fit encore plus d’impression sur un navigateur tel que Colomb, les vents étaient inégaux et changeaient souvent pendant la nuit ; ce qui devait lui faire juger qu’ils commençaient à venir de terre. Aussi n’attendit-il pas que le troisième jour fût passé pour déclarer que cette nuit même il comptait voir la terre. Il ordonna des prières publiques, après avoir recommandé aux pilotes d’être sur leurs gardes ; il voulut que toutes les voiles fussent carguées, à l’exception d’une trinquette basse ; et, dans la crainte que les caravelles ne fussent séparées par un coup de vent, il donna des signaux pour se réunir. Enfin il promit qu’à la récompense ordonnée par leurs