Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/290

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Le 19 novembre, après avoir fait élever une fort grande croix à l’entrée du port del Principe, il remit à la voile pour découvrir l’île qu’il cherchait encore sous le nom de Bohio ; mais il eut les vents à combattre, et la fortune lui préparait un chagrin beaucoup plus vif, qui fut d’apprendre, le 21, que la Pinta s’était séparée volontairement de lui. Martin-Alphonse Pinçon, qui la commandait, excité par la passion de l’or, avait voulu profiter des avantages de sa caravelle, qui était très-légère à la voile, pour arriver le premier dans cette île si riche que l’on avait annoncée. On fit inutilement quantité de signes pour le rappeler à la soumission : l’amiral pénétra le fond de ses desseins ; mais, pour ne rien donner au hasard des conjectures, il résolut de passer quelques jours à l’attendre dans un troisième port de Cuba, également sûr et spacieux, qu’il nomma Sainte-Catherine, parce qu’on était à la veille de cette fête. En faisant de l’eau et du bois, il vit, à peu de distance du rivage, des pierres qui semblaient renfermer de l’or. Quelques Américains qu’il rencontra dans ce port, et qui furent témoins de ses observations, lui apprirent que l’île qu’il cherchait sous le nom de Bohio était leur patrie, et qu’elle se nommait Haïti. Ils lui confirmèrent qu’il y trouverait beaucoup de ce métal, surtout dans une contrée qu’ils appelèrent Cibao. Il se hâta de remonter vers le sud-est de Cuba, où il ne cessa point de trouver de fort bons ports.