Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/289

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castillane avec plus de facilité que les autres, et chaque instant lui faisait sentir l’importance de ce secours ; sans compter que, dans le dessein qu’il avait d’en transporter plusieurs en Espagne, il voulait qu’ils fussent de divers pays, pour rendre un témoignage plus certain du nombre et de la variété de ses découvertes. Cette mer reçut le nom de Nuestra-Senora. Tous les canaux qu’elle forme entré ses îles se trouvèrent fort profonds, et les rivages étaient couverts d’une verdure charmante, qui formait un délicieux spectacle pour les Castillans. Quoique ces petites îles ne fussent pas peuplées, on y voyait de toutes parts des feux de pêcheurs : les matelots des caravelles y passèrent dans leurs barques ; et leur étonnement fut d’abord extrême d’y voir manger aux Indiens de grandes araignées, des vers, engendrés dans du bois pouri, et des poissons à demi cuits, dont ils avalaient les yeux crus ; mais, ne pouvant se persuader que ce qui paraissait de bon goût à des créatures de leur espèce fut nuisible pour d’autres hommes, ils se hasardèrent à suivre l’exemple des sauvages, et personne ne s’en trouva plus mal : les nacres de perles s’offraient de toutes parts. L’amiral observa que l’eau croissait et diminuait beaucoup dans cette mer, ce qu’il attribuait à la grande quantité d’îles : mais il lui parut plus difficile d’expliquer le cours de la marée, qui était directement contraire à celle de Castille ; il jugea que la mer devait être basse dans cette partie du monde.