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accompagnés de leurs femmes et de leurs enfans, que la crainte y avait rassemblés. Ils prirent une femme qu’ils menèrent à l’amiral : on lui fit toutes sortes de caresses ; elle fut habillée proprement, et reconduite à sa troupe par les mêmes matelots, avec trois sauvages de San-Salvador qui entendaient sa langue. Le lendemain l’amiral envoya du même côté neuf autres Castillans, qui trouvèrent cette femme dans une bourgade, éloignée de quatre lieues au sud-est, et composée d’environ mille maisons. Leur vue mit tous les habitans en fuite ; mais un insulaire de San-Salvador, par lequel ils s’étaient fait conduire, inspira d’autres sentimens à ceux qu’il put rencontrer. Il rendit un témoignage si favorable aux étrangers, que, les ayant fait consentir à les recevoir, tous les autres furent animés par l’exemple, et revinrent avant la nuit. On se fit des présens mutuels, et les Castillans ne firent pas difficulté de passer la nuit dans l’habitation.

Le lendemain on vit un grand nombre d’insulaires qui prenaient volontairement le chemin du port ; quelques-uns portaient sur leurs épaules la femme qu’on leur avait renvoyée, et son mari l’accompagnait pour en faire ses remercîmens à l’amiral. Ils étaient plus blancs que ceux des autres îles, d’une taille moins haute et moins robuste, d’un visage assez difforme, mais d’un caractère doux et traitable : ils avaient la tête toujours découverte, et le crâne si dur, que, dans un temps moins paisible, les