Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/293

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Castillans le trouvèrent quelquefois à l’épreuve du sabre.

Avant leur départ, on vit arriver au rivage un seigneur du canton, accompagné d’environ deux cents personnes qui le portaient sur leurs épaules, et qui lui donnaient le nom de cacique ; il était fort jeune, et la curiosité l’amenait pour voir les vaisseaux. Un Américain du bord de l’amiral alla au-devant de lui, et lui déclara que les étrangers étaient descendus du ciel. Il monta d’un air grave dans la caravelle, suivi de ses deux principaux officiers, et lorsqu’il fut sur le pont, il fit signe au reste de ses gens de demeurer à terre. L’amiral lui présenta quelques rafraîchissemens, dont il ne fit pas difficulté de goûter, mais il ne toucha point aux liqueurs ; il ne fit que les approcher de sa bouche. Un habitant de San-Salvador qui commençait à servir d’interprète, lui dit que l’amiral était capitaine des rois de Castille et de Léon, les plus grands monarques du monde. Il refusa de le croire, toujours persuadé, sur le témoignage du premier, que les étrangers étaient des habitans du ciel. Le lendemain il revint avec la même suite, et l’on vit paraître en même temps un canot qui venait de la Tortue, chargé d’environ quarante hommes. Le cacique prit un ton menaçant pour leur ordonner de se retirer, et leur jeta même de l’eau et des pierres : ils obéirent avec de grandes marques de soumission. Les Castillans s’employèrent librement pendant tout le jour à troquer des grains de verre pour