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des frères de ce prince, qui le conduisit par la main dans une maison fort ornée, où le roi vint le trouver aussitôt, et lui mit au cou une lame d’or. Un autre jour, cinq caciques, sujets du roi, l’étant venus voir avec des couronnes d’or sur la tête, ce prince observa le moment où l’amiral descendait au rivage pour se présenter avec ses vassaux, la tête couverte aussi d’une couronne, et l’ayant conduit dans le même lieu, il le fit asseoir avec beaucoup de vénération, et lui mit sa couronne sur la tête. L’amiral portait un collier de grains fort menus. Il se l’ôta sur-le-champ pour le mettre an cou de Guacanagari ; il se dépouilla d’un fort bel habit qu’il avait ce jour-là, et l’en couvrit de ses propres mains ; il se fit apporter des bottines rouges qu’il lui fit chausser ; enfin il lui mit au doigt un anneau d’argent. Cette cérémonie fut comme un nouveau traité, qui parut augmenter l’affection des insulaires pour les Castillans. Deux caciques accompagnèrent l’amiral jusqu’à sa chaloupe, et lui présentèrent, en le quittant, chacun leur lame d’or. Ces lames n’étaient pas fondues ; elles étaient composées de plusieurs grains. Les Américains n’ayant pas l’industrie de les mettre en œuvre, prenaient les parties d’or telles qu’ils les tiraient des mines, et n’employaient que des pierres pour les allonger.

Dans cet intervalle, les insulaires avertirent l’amiral qu’ils avaient découvert un navire qui rôdait à l’est autour de la côte. Il ne douta point que ce ne fût la Pinta, dont la désertion lui