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sur un parchemin, qu’il renferma soigneusement dans un baril ; et, sans communiquer son secret à ses gens, il jeta le baril dans les flots. Ils s’imaginèrent que c’était quelque nouvelle ressource de religion ; et le vent s’étant apaisé tout d’un coup, Herréra fait entendre qu’ils attribuèrent cet heureux changement à la piété de l’amiral. Cependant l’autre caravelle avait disparu dès le commencement de la tempête ; et, n’étant point ramenée par le beau temps, on ne douta point qu’elle n’eût péri. Le 15, on aperçut la terre à l’est-nord-est, mais sans aucun signe qui pût aider à la reconnaître. Les uns la prenaient pour l’île de Madère, et d’autres pour la roche de Cintra, qui est proche de Lisbonne. Colomb seul jugea par ses observations que c’était une des Açores, qu’on reconnut bientôt en effet pour Sainte-Marie.

Il aborda le 18 au nord de cette île. Don Juan de Castaneda, qui y commandait pour le Portugal, l’envoya complimenter aussitôt, et lui fit porter quelques rafraîchissemens. Cette politesse lui inspira tant de confiance, que, ne pensant qu’à rendre grâce au ciel par l’exécution du vœu public, il fit descendre le lendemain une partie de ses gens pour se rendre en procession dans une chapelle voisine, où il se proposait d’aller lui-même le jour d’après avec le reste de l’équipage. Les Castillans étaient non-seulement sans armes, mais nus en chemise, suivant la promesse qu’ils avaient faite