Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/308

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conventions entre les couronnes de Castille et de Portugal, toutes les nouvelles découvertes devaient lui appartenir. Colomb répondit qu’il ignorait les traités ; mais que, suivant les ordres qu’il avait reçus de leurs majestés catholiques, il s’était bien gardé de passer en Guinée ni vers les mines de Portugal. « Je suis persuadé, lui dit le roi, que nous n’aurons pas besoin d’un tiers pour juger ce différend. » L’audience finit avec les mêmes égards pour un homme que l’envie même ne voyait pas sans admiration ; car tous les historiens observent qu’on sentit alors en Portugal le tort qu’on avait eu de négliger ses offres. Le roi donna ordre aux premiers seigneurs de sa cour de loger et de traiter l’amiral. Il le revit deux fois avec la même satisfaction, et l’ayant comblé d’honneurs et de présens, il le fit conduire jusqu’à Lisbonne par don Martin-Norogna. Colomb vit la reine en passant à Villa-Franca, et n’en fut pas reçu avec moins de distinction. À peine fut-il entré dans la capitale, qu’on lui offrit au nom du roi la liberté de faire le reste du voyage par terre avec une escorte et toutes les commodités qu’il pouvait désirer jusqu’à la frontière. Il marqua beaucoup de reconnaissance pour cette nouvelle faveur ; mais, n’ayant pas jugé à propos de l’accepter, il remit à la voile pour l’Espagne, le 13, avec un vent si favorable, que, le vendredi 15, il entra vers midi dans le port de Palos. On remarque qu’il en était parti le même jour de la